Chasteté
Bienheureux
ceux
qui
sont purs dans leur cœur
car
eux,
ils verront Dieu
(2.
De
l'adultère à la maîtrise du regard et des sens)
Le combat
pour la Chasteté
dans les relations interpersonnelles
27
Vous avez entendu qu’il a été dit
:
Tu ne
commettras pas d'adultère.
28
Eh
bien ! moi je vous dis :
Quiconque regarde une femme
pour la désirer
a déjà commis, dans
son cœur, l’adultère avec elle.
29
Que si ton œil droit est pour toi une occasion de
chute,
arrache-le et jette-le loin
de toi :
car mieux vaut pour toi que
soit perdu un seul de tes membres
et que tout ton corps ne
soit pas jeté dans la géhenne.
30
Et si ta main droite est pour toi une occasion
de
chute,
coupe-la et jette-la loin de
toi :
car mieux vaut pour toi que
soit perdu un seul de tes membres
et que tout ton corps ne
s’en aille pas dans la géhenne.
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Réflexions
pour
comprendre le texte de l'Évangile
Jésus reprend ici l'un des dix
commandements : "Tu ne commettras pas d'adultère" (Ex 20,14 ; Dt
5,18). Là encore, il nous demande de ne pas nous contenter d'une
observance extérieure (je n'ai jamais trompé mon conjoint, je n'ai
jamais couché avec quelqu'un, donc je suis en règle), mais de vivre ce
commandement au niveau du cœur (il le dit explicitement au verset 28 :
"Dans son cœur"). La convoitise qui aboutit à l'adultère est aussi
celle qui se trouve dans le regard complaisant qui désire "posséder"
l'autre comme un objet de jouissance ; ce regard est un "adultère dans
le cœur"…
La purification de cette
convoitise, pour accéder à la chasteté véritable, exige un combat
impitoyable, que Jésus illustre par les images fortes de l'œil
arraché et de la main coupée… La pureté cœur s'obtient par une
maîtrise vigilante des sens… Nous savons bien aujourd'hui comment
l'impudicité et la pornographie peuvent devenir une véritable
gangrène sociale… et un enfer pour ceux qui en sont esclaves.
Déceler
les dérives sectaires possibles dans nos communautés ecclésiales
L’antichasteté, c’est la prédation
La chasteté ne concerne pas uniquement nos conduites sexuelles. Elle
caractérise notre attitude profonde de respect de l’autre, dans
l’ensemble de nos relations humaines. Respect des opinions d’autrui,
écoute profonde des personnes, refus de juger, d’étiqueter,
d’enfermer dans une boîte, de mettre la main sur l’autre, d’avoir
une curiosité malsaine à son égard… Cette délicatesse est
l’expression de la chasteté. Au contraire son absence s’exprime par
des attitudes de séduction, de prédation, de mainmise, de
manipulation, de violence psychologique… En moi se cache un
prédateur qui doit chercher à convertir ses comportements pour
entrer dans le respect et la délicatesse.
Quand rôde l’esprit de séduction
Dans des familles, des groupes professionnels, des communautés
religieuses, des milieux sociaux, la mise en œuvre explicite ou
masquée d’un véritable pouvoir de séduction peut devenir un art de
vivre. Cet esprit de séduction revêt de multiples formes (avant tout
non violentes) dans le comportement de la personnalité, le ton des
paroles, le positionnement des actes, le vécu relationnel :
doucereux, obséquieux, charmeur, sentimental ou sexuel, fourbe,
persifleur, mensonger, insinuateur, pervers… On semble être loin de
l’adultère ? En fait, on est en plein dans l’antichasteté. Des
sommets sont atteints lorsque le séducteur est une personne
moralement irréprochable, ou encore une personne religieuse
consacrée qui utilise sa parole de prédication comme vecteur subtil
d’emprise psychologique.
Quand l’autorité́ dérive vers
l’oppression
La tradition catholique a vu se développer des conceptions et des
pratiques visant à prévenir – sans toujours y réussir – les abus
du pouvoir religieux : la fonction critique de la réflexion
théologique, la prise de décision collégiale ou synodale, la
pratique de la réception par le peuple de Dieu des décisions
prises, le rôle irremplaçable de la conscience personnelle.
L'absence d'un espace réservé à ces quatre données doit susciter
des interrogations. Même dans un groupe non religieux, on peut se
laisser éclairer par cet héritage de sagesse.
Accompagnement spirituel, emprise
et dépendance
La pratique de l’accompagnement spirituel est utile, à condition
que l’accompagnateur suscite chez les personnes acompagnées la
liberté intérieure et extérieure, de façon à les rendre
indépendantes aussi bien de lui-même que du monde. Car un
accompagnateur — aussi saint soit-il — qui passerait des journées
entières avec une personne sous couvert d’accompagnement — cela
arrive à certains religieux — ferait plutôt du lavage de cerveau, de
l’embrigadement, ou du conditionnement spirituel, à moins qu’il
n’entretienne à son insu une relation malsaine… Par ailleurs, pour
contrer l'abus toujours possible de cette relation de confiance
qu’est l’accompagnement, la tradition catholique prône la nette
distinction entre le for interne et le for externe, c’est-à-dire
entre la fonction d’accompagnateur spirituel et la fonction
d’autorité dans le groupe. Une distinction a semblé devoir être
faite aussi entre accompagnement spirituel et thérapie
psychologique, afin de prévenir autant que possible toute relation
de dépendance ; et lorsqu’une thérapie s’avère nécessaire, il
semble souhaitable de faire appel à un professionnel qualifié en
dehors du groupe.
Quand la régulation dérive vers
l’assujettissement
Dans toute société, il existe des mécanismes d’influence et de
contrôle, qui n’ont rien de répréhensible. Bien que nous vivions
à une époque de contestation systématique de la fonction
d’autorité́, le bon sens n’admet-il pas tout de même, par exemple,
que tout processus d’éducation ne doit pas être dénoncé comme
manipulation ? En revanche, de tels mécanismes sont inacceptables
s’ils ont pour but ou pour résultat d’anéantir l’identité
personnelle, et de conduire à une dépendance totale par rapport à
la communauté ou à son responsable, de briser les sentiments
spontanés et les facultés intellectuelles critiques de la personne
pour faire de celle-ci un être programmé, formaté, asservi aux
exigences du groupe ou de son leader.
Quand la générosité dérive
vers l’exploitation
Le bénévolat, la gratuité, le désintéressement, tout cela est
digne d’éloges. Mais certaines communautés exploitent la
serviabilité ou l’idéalisme de leurs membres, réseaux ou oblats.
Ceux-ci font alors office de main d'œuvre domestique à bon marché
– cuisine, entretien de la maison et du jardin… – mais également de
pourvoyeurs de fonds en faisant à la communauté ou au groupe de
grasses offrandes, voire une partie de leurs biens. Il conviendrait,
dans ce cas, de pouvoir s’assurer que les moyens récoltés servent
bien aux buts que la communauté s’assigne. Or, le plus souvent, la
gestion financière est tout sauf transparente.
Quand la différenciation dérive
vers la diabolisation
Les communautés en dérive sectaire cultivent volontiers une vision
dualiste, manichéenne, du monde ou de l’Église. Leurs membres
opposent de manière tranchée les purs et les impurs, ou
hiérarchisent soigneusement les catégories. Par exemple, dans une
communauté catholique, un prêtre religieux vaudra mieux qu’un prêtre
diocésain, un prêtre vaudra mieux qu’un laïc, un laïc homme vaudra
mieux qu’une laïque femme… En général, ils estiment avoir le
monopole de la vérité, de la vraie spiritualité. Ceux qui sont hors
de leur réseau sont sans exception marginalisés, ou tout au plus
utilisés tant que c’est nécessaire avant de se faire jeter.
Les
communautés
en dérive sectaire cultivent volontiers une vision dualiste,
manichéenne, du monde ou de l’Église. Leurs membres opposent de
manière tranchée les purs et les impurs, ou hiérarchisent
soigneusement les catégories. Par exemple, dans une communauté
catholique, un prêtre religieux vaudra mieux qu’un prêtre
diocésain, un prêtre vaudra mieux qu’un laïc, un laïc homme
vaudra mieux qu’une laïque femme… En général, ils estiment
avoir le monopole de la vérité, de la vraie spiritualité. Ceux
qui sont hors de leur réseau sont sans exception marginalisés,
ou tout au plus utilisés tant que c’est nécessaire avant de se
faire jeter.
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