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Discrétion



Les combats pour fortifier les RACINES
de la sainteté chrétienne


Bienheureux ceux qui ont faim ert soif de la justice,
car eux, ils seront rassasiés


Le désir et la demande de la sainteté véritable
Le renoncement au savoir-faire religieux
(aumône, prière et jeûne)
obéissance

6,1 Gardez-vous de pratiquer votre Justice
devant les hommes, pour vous faire remarquer d’eux ;
sinon, vous n’avez pas de salaire auprès de votre Père qui est dans les cieux.

2 Quand donc tu fais l’aumône, ne va pas le claironner devant toi,
comme font les hypocrites, dans les synagogues et les rues, afin d’être glorifiés par les hommes.
En vérité je vous le dis, ils ont touché leur salaire.
Toi, quand tu fais l’aumône,
que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, 4 afin que ton aumône soit dans le secret ;
et ton Père, qui  voit dans le secret, te le rendra ouvertement.

5 Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites :
ils aiment, dans les synagogues et aux angles des places, se tenir en prière, pour paraître devant les hommes.
En vérité je vous le dis, ils ont touché leur salaire.
6 Toi, quand tu pries,
entre dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est dans le secret ; 
et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra ouvertement.


7  Dans vos prières, ne soyez pas bavards comme les païens :
ils estiment que c'est avec beaucoup de paroles qu'ils seront entendus.
8 Donc ne leur ressemblez pas ;
 car votre Père sait ce dont vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.
9 Vous donc, priez ainsi :

"Notre Père qui es dans les cieux,
Sur la terre comme au ciel,
 Sanctifie ton Nom !
10 Fais advenir  ton Règne !
Accomplis ta Volonté !
11  Notre pain de demain, donne-le nous aujourd’hui
12 Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs.
13 Et fais que nous n'entrions pas dans la tentation ; mais libère-nous du Mauvais".

14 Car  si vous remettez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous remettra aussi ;
15 mais si vous ne remettez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous remettra pas vos fautes.


16  Quand vous jeûnez, ne soyez pas comme les hypocrites à l'air sombre :
ils décomposent leur visage, pour faire paraître aux hommes qu’ils jeûnent.
En vérité je vous le dis, ils ont touché leur salaire.
17 Toi, quand tu jeûnes,
parfume ta tête et lave ton visage,
 18 pour ne pas faire paraître aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là, dans le secret ;
et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra ouvertement.


Petite introduction à la seconde partie

"Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait". Cet appel à la perfection de l'amour, Jésus l'énonce à la fin de la première partie de son enseignement. Il nous a instruits sur la façon dont le chrétien doit "accomplir" la loi et les prophètes, dont il doit produire des actes bons qui soient lumière pour les hommes.

   Ces actes sont vraiment les fruits de la sainteté qu'il attend des fils du Père des cieux. Oui, notre sainteté doit "illuminer"… elle doit transparaître à l'extérieur sans pour autant être de façade, c'est-à-dire purement formelle, extérieure. La sainteté chrétienne porte des fruits nourris aux racines spirituelles de la pauvreté d'esprit. C'est le moment de nous rappeler la toute première des béatitudes : "Heureux les pauvres de cœur, car il est à eux le Royaume des cieux"; de façon absolue (au présent)…  en elle culminent les trois suivantes sur le désir de sainteté, la liberté intérieure, et l'humilité du cœur. Ce sont les racines de la sainteté véritable, de la perfection de l'amour.

   Il fallait rappeler tout cela pour bien saisir la logique interne de l'enseignement de Jésus. Juste après nous avoir appelés à la perfection de l'amour (5,48), il nous fait réfléchir aux actes spirituels traditionnels (l'aumône, la prière, le jeûne), qui doivent être cachés, intériorisés… et non pas donner lieu à des exhibitions ou des performances quelque peu  déplacées : "Gardez-vous de pratiquer (l'alimentation de) votre sainteté devant les hommes pour vous faire remarquer d'eux"…

   Autant les fruits doivent être un témoignage lumineux, autant les racines doivent être cachées, en Dieu seul et pour Dieu seul… Autant les fruits de sainteté peuvent toucher les cœurs et provoquer des conversions (nous gratifiant de la certitude que nous sommes sur la longueur d'onde de l'Évangile)… autant les racines sont de l'ordre de l'intimité personnelle avec le Père des Cieux et ne peuvent procurer aucune gratification… C'est pourquoi Jésus insiste pour nous dire que le salaire nous en sera attribué un jour ouvertement, dans le Royaume, mais par le Père seul…

   Car l'alimentation de la sainteté est un travail, lui aussi… l'enfantement de l'homme nouveau en chacun de nous (les promesses des béatitudes sont au futur)… Les fruits de sainteté se portent dans la lutte et le combat, dans la persécution. Et pour les voir apparaître, il faut cultiver soigneusement les racines… Peut-être a-t-on trop oublié de le dire et de le faire ces quarante dernières années (contrairement à ce que le Concile Vatican II avait écrit sur la sainteté  - voir la fin de  ce document). Les œuvres apostoliques  promues en dehors d'une alimentation par les racines risquent de n'être que de l'agitation stérile ("Tout plant que n'a point planté mon Père céleste sera arraché" Mt 15,13)… On saisit alors l'importance de tout ce qui va suivre dans l'enseignement de Jésus : c'est aussi important, et même plus important que ce qui précède…



Réflexions pour comprendre le textede l'Évangile

    Avec la venue de Jésus et celle de l'Esprit Saint, la fontaine de la grâce ne cesse d'abreuver tous ceux qui sont mus par un profond désir de Dieu… "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive, celui qui croit en moi… Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui" (Jn 7,37-39)…    "L'Esprit et l'Épouse disent : "Viens !"  Que celui qui entende dise "Viens !"  Et que l'homme assoiffé s'approche, que l'homme de désir reçoive l'eau de la vie, gratuitement" (Ap 22,17)…

   La première racine qui nourrit la sainteté, c'est d'en avoir le désir, et de la demander… Vérité de La Palisse, diront certains. Mais on s'aperçoit vite que ceux qui désirent être des saints ne sont pas légion ! Or Jésus nous invite à garder nos lampes allumées, à entretenir en nous un désir vivant de la sainteté, de sorte qu'il puisse le rassasier à satiété. Cette alimentation de la sainteté, Jésus la rattache ici aux trois œuvres pieuses traditionnelles dans le judaïsme : l'aumône, la prière, le jeûne. Ces pratiques doivent d'abord exister dans nos vies ; ensuite elles doivent rester cachées.  

   L'aumône. Donner une partie de ses revenus pour le Seigneur, à travers les plus pauvres, également les besoins de son Église. Sans compter avec parcimonie ce qu'on donne (que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite), mais en se posant toujours la question de savoir si ce qu'on donne permettra réellement aux plus pauvres de vivre, et à l'Église d'entreprendre une nouvelle évangélisation…

   La prière. Se donner chaque jour un temps d'oraison silencieuse, de cœur à cœur avec le Seigneur, qui soit une relation avec lui digne de ce nom. Prévoir dans sa journée ce temps d'arrêt complet pour Dieu. Ouvrir sa Bible et écouter Jésus, comme nous le faisons ici… Laisser Marie nous conduire à "faire tout ce qu'il dit"…

  Le jeûne. S'abstenir du péché, d'abord, pour accomplir la volonté de Dieu. Jeûner de tout ce qui m'éloigne de Dieu, par des attachements inutiles et nuisibles (tabac, télévision, etc.). Jeûner de nourriture au moins une fois par semaine, de préférence le vendredi, par une alimentation restreinte ce jour-là, pour mieux vivre dans la prière et l'abandon à Dieu.

   On ne peut développer ici comme il le faudrait ces trois points importants de la vie chrétienne et que le Seigneur Jésus nous propose de vivre personnellement (remarquez le triple "TOI", qui rappelle le triple "VOUS" de l'introduction 5,11.13.14). Il n'y a pas de vraie "pauvreté d'esprit" sans la pratique assidue de ces trois réalités spirituelles.

   Au centre de l'enseignement de Jésus (qui comporte 110 versets sur ces 3 chapitres) se trouve la prière du "Notre Père" (55° verset). Enseignée comme un exemple de sobriété, qui fait confiance et s'abandonne ("votre Père sait ce dont vous avez besoin"), elle est vraiment la prière de ceux qui ont faim et soif de la sainteté de Dieu au cœur de ce monde. Leur pauvreté de cœur leur a fait renoncer à tout savoir-faire religieux ostentatoire, pour s'en remettre au Père en toute obéissance.



Promouvoir des attitudesévangéliques

L’humilité de l’accueil
« Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée, c'est d'avoir une pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise âme et même de se faire une mauvaise âme, c'est d'avoir une âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme même perverse, c'est d'avoir une âme habituée. On a vu les jeux incroyables de la grâce pénétrer une mauvaise âme et même une âme perverse et on a vu sauver ce qui paraissait perdu. Mais on n'a pas vu mouiller ce qui était verni, on n'a pas vu traverser ce qui était imperméable, on n'a pas vu tremper ce qui était habitué… » (Ch. Péguy)

La reconnaissance de ses blessures
« Les "honnêtes gens" ne mouillent pas à la grâce. C'est que précisément les plus honnêtes gens, ou simplement les honnêtes gens, ou enfin ceux qu'on nomme tels, et qui aiment à se nommer tels, n'ont point de défauts eux-mêmes dans l'armure. Ils ne sont pas blessés. Leur peau de morale, constamment intacte, leur fait un cuir et une cuirasse sans faute. Ils ne présentent point cette ouverture que fait une affreuse blessure, une inoubliable détresse, un regret invincible, un point de suture éternellement mal joint, une mortelle inquiétude, une invincible arrière-anxiété, une amertume secrète, un effondrement perpétuellement masqué une cicatrice éternellement mal fermée. Ils ne présentent pas cette entrée à la grâce qu'est essentiellement le péché. » (Ch. Péguy)

La pauvreté du mendiant
« Parce qu'ils ne sont pas blessés, ils ne sont pas vulnérables. Parce qu'ils ne manquent de rien, on ne leur apporte rien. Parce qu'ils ne manquent de rien, on ne leur apporte pas ce qui est tout. La charité même de Dieu ne panse point celui qui n'a pas de plaies. C'est parce qu'un homme était par terre que le Samaritain le ramassa. C'est parce que la face de Jésus était sale que Véronique l'essuya d'un mouchoir. Or celui qui n'est pas tombé ne sera jamais ramassé ; et celui qui n'est pas sale ne sera pas essuyé. » (Ch. Péguy,  Œuvres en prose, 1909-1914, Charles Péguy, éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1959, p. 1397)



Déceler les dérives sectaires possibles dans notre vie ecclésiale

Joindre les mains et se tourner les pouces
Certains font profession de sainteté. Ils passent de longues heures en prière. C’est là leur mission. « Le spirituel d’abord, le matériel après. » On ne sera donc pas étonné que ces personnes finissent par donner des signes de fatigue… Ils en font état auprès de salariés qui, de leur côté, en plus de leur vie de travail, doivent aussi assumer leur vie de famille et la maintenance d’un foyer. Et cette fatigue les « oblige » à faire reposer sur les autres le poids du quotidien, quitte à leur faire faire des heures supplémentaires. Mais en leur faisant comprendre qu’ils manqueront vraiment d’amour pour l’Église s’ils en demandent rétribution financière. Paresse pour les nécessités de la vie ordinaire, sous prétexte de rechercher assidûment la sainteté. Élémentaire, mon cher Watson ! Serait-ce dans les évangiles apocryphes qu’il faudrait chercher trace d’une telle attitude de Jésus envers Marie, sa bonne à tout faire, et Joseph, qu’il regardait travailler à l’atelier…

Les bruits de sacristie
Les moments qui précèdent les célébrations sont souvent propices aux réflexions et confidences en tout genre. Certes, pour faire connaissance. Mais aussi pour en « boucher un coin » comme on dit en français ordinaire. Certains ont ainsi comme une sorte de besoin irrépressible de raconter leurs exploits spirituels et leur ministère avec force détails les mettant en valeur. On est donc obligé d’écouter « religieusement » de telles confidences, remettant à une autre fois le besoin de mettre son cœur dans la prière avant d’entrer en célébration… Paradoxe que la vantardise quand elle porte sur les réalités spirituelles… !

Le nez sur le tableau d’affichage
Certains sont discrets. D’autres sont détaillés. Je veux parler des horaires de prière et de célébration de la communauté. Et d’autres encore sont vraiment très, très détaillés, avec des parenthèses indiquant les compléments, à l’adresse des plus zélés, ceux qui sont vraiment des « spirituels ». Bien sûr, on pense que la plupart y sont présents. En fait, c’est tout juste s’il y a quelqu’un… Et quand le prieur est absent, mon Dieu, les horaires sont miraculeusement allégés ! Sauf que ce n’est pas écrit, car il faut à tout prix laisser paraître qu’ici, on cultive la sainteté. Peut-être un jour ajoutera-t-on le label bio, AB… En tout cas, n’hésitez jamais à en rajouter une couche : plus c’est gros, mieux ça mord. Seuls les plus expérimentés remarqueront le déséquilibre.

Une auréole, ça s’astique !
Tout le monde n’apprécie pas la sobriété cistercienne ! Car rien n’est trop beau pour Dieu. Il faut que les dimensions des cierges du maître-autel soient les plus hautes possibles. Que les ornements soient brodés au fil d’or. Que l’encens soit « pontifical ». Il y a une icône ? On rajoutera une statue devant. Plus il y en a, mieux ça vaut. Il faut que les lieux soient bien identifiés comme religieux. Et que les païens, les pauvres, sachent où ils sont tombés… Cette complaisance pour tout ce qui brille, ce faste liturgique mis en œuvre pour séduire les foules, donne plus d'importance à la forme qu'au fond, à la lettre qu'à l'esprit. La préférence donnée aux « apparences », quand on veut la porter à son point d’incandescence, devient une porte ouverte aux mensonges, et à toutes les mises en œuvre de séduction tant spirituelle qu'intellectuelle…

La règle au bout des doigts
Les plus anciens d’entre nous ont encore des souvenirs cuisants de certains « coups de règle » sur les bouts des doigts, appliqués par le maître pour punir le mauvais élève… Mais autour d’une communauté religieuse, il peut pleuvoir des « coups de règle » meurtrissants pour la charité. C’est que la règle de la communauté est incontournable. L’Évêque vient célébrer la messe avec un groupe ? Eh bien, qu’il déplace l’heure de sa messe, car nous avons celle de la communauté justement à cette heure-là. Tel groupe voudrait passer à l’église ? Il n’en est pas question, car la communauté a ses offices. Le lecteur devinera bien qu’on pourrait multiplier les exemples à l’infini. Malheureusement, quand la psychorigidité spirituelle tue la charité ordinaire, celle qui est pleine de bon sens et d’humanité, les contre-témoignages s’accumulent, et provoquent un ras-le-bol et une stérilisation de la démarche spirituelle…

Le mépris des ignorants
Le savoir-faire ostentatoire des vaniteux et des orgueilleux, contre lequel Jésus a bataillé fermement, est un puissant vecteur de mépris. Combien ne se font-ils pas ainsi « redresser » par des paroles sentencieuses, envoyées avec le dédain qui s’impose envers l’ignorance des petits ! Honte à ces religieux dévoyés dont la science écrase à petites (ou à grosses) touches les maladresses de ceux qui ne savent pas. « Voilà que ce faible, ce frère pour qui le Christ est mort, se perd grâce à ton savoir. » (1 Co 8,11). « Malheur à vous, gens de la Loi et Pharisiens hypocrites ! Vous fermez aux autres le Royaume des Cieux ; vous-mêmes n’y entrez pas, et quand un autre est sur le point d’y entrer, vous l’en empêchez ! » (Mt 23,13). Car à force de vouloir se rassurer par la pratique prioritaire de la lettre, on finit par ne jamais risquer l’esprit de son engagement à la sainteté, et à se fermer aux richesses de cœur des plus petits. Malheur !







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Le savoir-faire ostentatoire des vaniteux et des orgueilleux, contre lequel Jésus a bataillé fermement, est un puissant vecteur de mépris. Combien ne se font-ils pas ainsi « redresser » par des paroles sentencieuses, envoyées avec le dédain qui s’impose envers l’ignorance des petits ! Honte à ces religieux dévoyés dont la science écrase à petites (ou à grosses) touches les maladresses de ceux qui ne savent pas. « Voilà que ce faible, ce frère pour qui le Christ est mort, se perd grâce à ton savoir. » (1 Co 8,11). « Malheur à vous, gens de la Loi et Pharisiens hypocrites ! Vous fermez aux autres le Royaume des Cieux ; vous-mêmes n’y entrez pas, et quand un autre est sur le point d’y entrer, vous l’en empêchez ! » (Mt 23,13). Car à force de vouloir se rassurer par la pratique prioritaire de la lettre, on finit par ne jamais risquer l’esprit de son engagement à la sainteté, et à se fermer aux richesses de cœur des plus petits. Malheur ! texte commentant le lien






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