Une réalité
À l'intérieur même de
l'Église catholique (et des autres
dénominations chrétiennes), il peut exister des situations
difficiles, certaines cachées, d'autres publiques.
C'est ainsi que plusieurs communautés religieuses, à travers leur
vie communautaire, ou la vie de leurs fondateurs (ou les deux à la
fois), manifestent des
dérives sectaires et des signes de manipulation.
Certes, toutes les Communautés sans exception ont leur crise de
croissance. Certaines sont plus graves que d'autres, et nécessitent
des rectifications de trajectoires. La presse et des sites internets
spécialisés s'en font l'écho régulièrement (les
Légionnaires
du Christ, l'Opus Dei, la Congrégation Saint Jean, la Communauté
des Béatitudes, la Fraternité Marie Reine Immaculée de l'Univers,
Points-Coeur, Pain de Vie, Bethléem, Focolari, Travailleuses
missionnaires, Chemin Néocatéchuménal ...). Il suffit
d'être attentif et de faire les recherches afférentes. Et la liste
n'est pas complète.
Dans ces situations problématiques, malgré les dénégations de
personnes membres (ou proches) de ces Communautés, criant bien sûr
aux dénonciations calomnieuses, l'Église catholique nomme des
émissaires particuliers chargés, en principe, de redresser les
situations faussées, d'aider les victimes, et de soigner les
blessures.
Je souscris tout-à-fait à cette remarque de J. Lennon (août 2015),
tant il est évident que dans bien des cas, le travail de
redressement ressemble à un ravalement canonique de façad,e et
n'aborde pas (du moins publiquement) les vraies questions posées par
les dérives. Ce travail de discernement, d'ajustement, de recadrage,
est loin d'être terminé, hélas ...
"Après avoir passé trente ans à
accompagner des victimes de la Légion du Christ et du Regnum
Christi, je vois toujours aussi clairement les dégâts causés, à
travers ses différentes œuvres, par le père Maciel. En effet, il
ne s’agit pas seulement d’abus sexuels, mais de différentes sortes
d’abus : manque de soins, maladies psychologiques, perversion des
consciences, dépressions, suicides, perte de confiance envers
l’Eglise, perte de la foi en Dieu, escroqueries financières des
adeptes, de leurs familles et d’adultes en situation de
vulnérabilité, mises en quarantaine, calomnies, ostracisme,
menaces et poursuites judiciaires contre ceux qui refusent de se
soumettre…"
Certains aspects pastoraux
ordinaires de la vie de nos diocèses ou de nos paroisses
peuvent être affectés par ces mêmes problèmes ...
Ils sont repérables aux climats
malsains où abondent non-dits, faux-semblants,
manipulations, mensonges, double langage, coups tordus, suspicion,
délation, jalousies... climats malsains engendrés par des personnes
malsaines.
« Un mensonge est comme un coyote
mort : plus longtemps on le laisse sur place, plus il sent
mauvais» (Robert Pinkerton).
Les baptisés ne devraient jamais accepter de baigner dans ces
climats malsains et devraient rechercher la plus grande vérité (dans
la charité).
"L'Église, qui navigue comme un
grand vaisseau sur la mer de ce monde, qui en cette vie est battue
par les flots d'épreuves de toute sorte, l'Église ne doit pas être
abandonnée, mais gouvernée... Ne
soyons pas des chiens muets, ne soyons pas des guetteurs
silencieux, ne soyons pas des mercenaires qui fuient devant le
loup, mais des pasteurs attentifs, veillant sur le troupeau du
Christ..." (Saint Boniface)
La "culture
du silence" a plus d'effets désastreux à long terme que
l'acceptation de regarder objectivement les déviances. Et de toute
façon, elle n'est pas digne de l'Église du Christ.
P.
Dominique Auzenet